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29 janvier 2008

" C'est pas très original d'avoir un ami

" C'est pas très original d'avoir un ami pédé, dans tous les films, les sous-films, les bons bouquins et même les moins bons, on nous case le gay de service, et avec un peu de chance il est noir ou juif...Bon bah Je suis pas une originale alors, Vincent est gay et mon meilleur ami de surcroît...

Il m' attendait comme d' habitude. Lui avec sa sale manie d être toujours à l' heure, et moi en retard, nos premiers regards étaient toujours hostiles, il m' en voulait d' être aussi peu respectueuse des autres, de lui et plus globalement de la vie..

Nous nous étions connus au lycée, j'avais cette fâcheuse tendance d' être attirée par ceux que l' on aime pas; les moches, les excentriques, les faibles ceux à qui on casse facilement la gueule parce que l' on sait qu' ils ne se rebelleront pas...Et les pauvres, ah nan jdéconne j'ai jamais été attirée par les pauvres...Vincent assumait déjà sa différence, ce qui lui valait le rejet, la violence, les insultes des lycéens qui défendaient fièrement leur petite virilité, deux poils sur les couilles c'est surtout fait pour baiser les filles n'est-ce pas ?! Il portait en permanence ses Lee Cooper moulants, qui serraient parfaitement son joli cul que je ne manquais jamais de reluquer. Je ne pense pas que nous nous sommes aimés tout de suite. Chacun, grâce à la compagnie de l' autre y trouvait son compte mais quel compte ?! Encore à l' heure actuelle je ne saurais vous répondre. Savoir que jamais il ne voudrait me baiser avait quelque chose de terriblement réconfortant, à 17 ans. Pouvoir serrer la main d' un homme sans qu'il essaie d' enfoncer sa langue dans votre bouche est très reposant, j'aimais ça avec Vincent. Et très paradoxalement lorsque je faisais un effort vestimentaire en m' habillant en " fille " j étais très frustrée de ne pas l attirée physiquement. Je prenais alors ma mine boudeuse et lui me serrait dans ses bras comme seul réconfort au fait que je ne sois pas à ses yeux séduisante. Après le lycée, nos chemins s'étaient séparés, chacun avec son bac en poche avait suivi une voie diamétralement opposée. Vincent était rentré à l école des Arts et Métiers. Et moi j avais intégré un fac d histoire par défaut. Je n' y ai rien foutu, je me suis vite habituée à sécher les cours, les Universités sont très fortes pour fabriquer de jeunes fainéants, nous étions tous à l' ouest, rien ne nous intéressait, ni ne nous préoccupait vraiment, nous étions ainsi noyés dans une sorte d'apathie générale. C'est à cette période où j' ai commencé à fumer du shit. Oh rassurez-vous je ne suis jamais devenue accro., déjà à cette époque je n'aimais pas perdre le contrôle, et surtout je ne concevais pas l' idée d 'être dépendante de quelqu'un ou quelque chose...Je ne fumais qu' à l' occasion, souvent entourée de potes, et parfois seule chez moi, dans mon studio rue Edith Piaf, que mes parents m' avaient acheté pour avoir la paix,  acheter leur tranquillité en somme. Vincent venait m' y retrouver certains soirs, je le suppliais de rester dormir avec moi et lui faisait semblant d être débordé de travail, de n' avoir de vêtements de rechange pour finalement se glisser sous ma couette contre moi...Nous nous endormions après des heures de discussions utopiques sur le monde, notre vie, nos souhaits, nos désirs. Je l' aimais. J' aimais sa sensibilité à mes mots, mes maux aussi, souvent il pleurait pour moi, je ne comprenais pas et bientôt c' était à moi de le réconforter de pleurer sur MES soucis ( ou ce que je pensais être des soucis à l' époque ), puis une fois ses larmes séchées nous nous perdions dans des fous rire. Mais des vrais fous rires, vous voyez ceux-là même qui font mal au bide, ceux où l' on en pleure, qu' on ne contrôle pas et qu 'on aimerait qu'ils soient plus fréquents .J' aime à me souvenir de la façon dont je glissais ma tête sur son épaule pour m' endormir, il se parfumait au Jazz à l' époque et ça aussi..J'aimais.

Cela ne nous empêchait pas de nous engueuler souvent j' avais l' art de la mauvaise foi lorsqu' il me reprochait de gâcher un temps précieux à ne rien faire de mes journées, auquel je retorquais que moi au moins je vivais, j' en profitais et Blablabla...Je me cassais de la pièce furieuse, très en colère qu' il ait à ce point raison, nous restions plusieurs jours sans nous téléphoner, faisant comme si l' un et l' autre puissions nous passer de cette " amoutié " Il craquait toujours avant moi, je me réjouissais lorsque mon téléphone sonnait et que j' entendais sa voix, je m' excusais immédiatement à mi-voix mais très sincèrement, puis nous repartions très vite dans nos longs bavardages. Les périodes où il partait en stage pour ses études étaient abominables pour moi, certes nous nous téléphonions, il nous est même arrivé de nous écrire, mais de le savoir loin de moi me plongeait dans une grande tristesse. Durant ces périodes je me trouvais un mec pour la nuit afin ne pas dormir seule, il m' assaillait à coups de queue maladroits, de mots inutiles mais je n' étais pas seule. Ce que j' ai pu être conne quand j' y repense, la solitude à cette période n' était pas mon alliée. Je vous vois d' ici vous demandez si je n'avais pas d' amitié féminine; Bah non, aucune d' elles ne m' a jamais approchée, je devais pas avoir le profil je suppose ( Rire) Je ne m' intéressais en rien à leur discussion stérile que j'estimais d' un mortel ennui, nos seuls points communs auraient été les garçons mais là nous devenions concurrentes donc aucune approche possible, je n'en ai jamais souffert. Et encore aujourd'hui les femmes que je côtoie ont un caractère d' homme, entières et simples.

Et aujourd'hui, après 15 ans d' amitié Vincent et moi avions toujours autant de plaisir à nous retrouver...Je m'assoyais donc face à lui, puis nous prîmes tous les deux commande. Comme d' habitude il prit un plat de poisson avec des légumes verts et comme d' habitude je lui dis qu' il était la caricature parfaite du parfait petit homo. qui mange sainement pour garder son corps parfait, venant de moi, ça le faisait rire aux éclats...Après quelques bavardages nous en arrivâmes au fait, je lui annonça donc que j' allais partir.

_ " Euh quoi ? Où ça ? me demanda-t-il .Son visage se crispa instantanément, je vis ses yeux s' assombrirent lorsqu'il comprit que je ne plaisantais pas.

_ Je l' ignore Vincent, je pars ME chercher ou je me fuis peut-être aussi, peu importe...Je ne sais l' endroit, le temps ni la finalité mais je pars.

Il eut un peu de mal à avaler son poisson.Il me posa mille questions sur ce périple, si je partais seule, comment je comptais m' y prendre, je tentai vainement de le rassurer, puis lui promis de lui donner de mes nouvelles très régulièrement. Il fît la moue remettant ainsi en doute ma " régularité " ce qui me fis un peu sourire .

_Tu vas me manquer petite conne.

_Tu me manques déjà...

***

Lorsqu' elle rentra dans le studio, elle se dirigea vers son grand placard en sorti un grand sac en cuir marron, le posa sur la table, l' ouvrit et fît rapidement des yeux l' inventaire des choses à emporter avec elle. Ne sachant où elle partait, ni le temps de cet exil, le contenu du sac serait aléatoire. Elle piocha dans sa commode, pris quelques sous-vêtements, ses deux Levis, une chemiser, et trois pulls. Elle partirait avec sa paire de Goa, oubliant ses tenues chics et chaussures assorties. Le sac à moitié plein elle y rajouta sa trousse de toilette, son maquillage puis s' assit pour réfléchir afin de savoir ce dont elle pourrait encore avoir besoin ...Je savais qu'elle ne m' oublierait pas. Elle n' avait jamais pu se passer de ma présence, sous ses airs de rebelle, ma belle n' était en fait qu' un petit être désespérément seul cherchant à combler le vide affectif  de sa vie. Et je crois que même moi du haut de mes 30 cm pouvait souvent la consoler et lui donner du réconfort. Notre histoire avait commencé il y a une petite trentaine d' années...La mère de Cassandre avait pris l' habitude de me mettre près d' elle dans son lit, c'est donc comme Doudou officiel que je l' approcha.Comme je ne suis pas rancunier j' ai fait en sorte de vite oublier les coups dûs à ses premiers gestes maladroits, les tirages de poils lorsqu 'elle découvrit les différentes matières, ou encore pire ses régurgitations qui me valurent quelques tours au lave-linge, et pendu par les oreilles je devais ainsi patienter des heures sur le fil du séchoir. Très difficile pour moi cette période de petite enfance...

Cassandre se révélât très vite indépendante, un peu sauvage, elle s' isolait souvent dans sa chambre, me prenait dans ses bras et restait là pensive pendant des heures. Ses yeux sombres se perdaient dans des mondes ou autre abymes où je ne pouvais la suivre, mais que je devinais apaisants pour elle tant elle paraissait détendue. Puis souvent, en fin de journée sa mère  exaspérée venait l' extirper de sa chambre, et Cassandre hébétée revenait un peu à elle, son regard retrouvait cet espèce de voile sombre qui ne l' a jamais quitté jusqu' alors.

Son enfance se déroula ainsi, comme un navire qui doit rejoindre une destination inconnue et qui flotte tant bien que mal au gré de mers noires, tempétueuses ou encore monotones. Elle atteint l' adolescence sans s' y être préparée, je la vis appréhender cette période. Elle rejetait tout et tout le monde. Certes ça ne changeait pas grand chose avec l' enfance, si ce n' est qu' elle commença insidieusement à rentrer en conflit avec elle-même. Son corps bien sûr, comme toute adolescente " normale " Je la voyais faire la grimace devant son psyché lorsqu' elle découvrait ce corps se modifier. Ses petits seins commençaient à pointer fièrement, un léger duvet naissait sur son pubis. Elle inspectait chaque centimètre de ce corps, puis s' habillait en jurant. C'est à cette époque qu' elle commença à se cacher sous des vêtements trop amples, aux formes improbables, aux couleurs tristes. Sa mère était atterrée, elle qui avait toujours rêvé d' une petite fille modèle qu' elle aurait façonnée à son image. Cassandre n' en avait que faire. Pire elle accentuait les choses pour faire bondir sa mère. Par chance, elle ne changea pas ses habitudes qui consistaient entre autre, à me prendre avec elle dans son lit. Elle portait toujours ce maillot de corps Petit Bateau ainsi qu' un caleçon vichy bleu, elle me prenait d' une main, s' allongeait et me calait sur sa petite poitrine. Je sentais sa respiration, les battements de son cœur plus ou moins rapides selon son anxiété. Je découvris en même temps qu' elle les plaisirs solitaires féminins. Elle m' oubliait alors sur l' oreiller, et je sentais la chaleur de son corps s' accentuer, son souffle s' amplifier jusqu' au moment où elle était prise de petits spasmes, puis plus rien. Elle m' agrippait à nouveau, et s' endormait paisiblement. 

***

Une fois son sac bouclé, Cassandre dit une dernière fois le tour de son appartement, déposa ses clefs dans la boîte aux lettres de Vincent comme convenu, puis fila à la gare en taxi.Elle avait décidé la destination sur le chemin aller.

Une foule grouillait, incessante


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